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« Le grand Meaulnes » : Impressions de lecture 


C’est « tardivement » que j’ai découvert ce chef d’œuvre. L’aurais-je lu à 15 ans, qu’en aurais-je ressenti ? Comment m’en serais-je nourrie ? Peu importe au fond : je l’ai lu et le relis encore.

Je me souviens de ma rencontre avec ce livre. C’était un soir de décembre, dans la maison des Cévennes à la lisière des bois. Avant de monter me coucher dans le grand grenier, l’ancienne magnanerie, je cherchais un compagnon de soirée (un livre). Et c’est celui-ci qui s’est imposé, c’est bien lui, je crois, qui m’a choisie, alors que des années durant je l’avais boudé, en raison de sa connotation scolaire d’ « exercice imposé – ouvrage obligatoire – indispensable à la culture G. »… Bien au chaud sous l’édredon de plumes, j’ai entendu la chouette ululer dans la nuit froide, et sans doute le contexte a-t-il ajouté à la magie du texte dans lequel je m’aventurais, même si je me trouvais bien loin de la Sologne. Et j’ai accompagné Augustin dans ses pérégrinations et ses quêtes, j’ai reconnu l’inaltérable visage de la bêtise chez Delouche, j’ai tremblé pour Yvonne, j’ai été amoureuse de Frantz, aristocrate ou bohémien.

Et chaque fois que je relis « Le grand Meaulnes », l’émotion est intacte, toujours renouvelée. La poésie des paysages, l’histoire - énigmatique, l’élégance du style, l’envoûtement des mots… Le domaine mystérieux, la fête étrange et le pays sans nom, me sont devenus des territoires que j’aime retrouver.

Il m’arrive aussi de penser à ce jeune homme, merveilleux écrivain d’une œuvre unique, Alain Fournier, mort sous la bombarde en 1914, à 27 ans… Alors, vraiment : « Quelle connerie la guerre » !


Cécile