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Un beau roman : « Seule Venise »

Le succès des « Déferlantes » a permis à Claudie Gallay d’accéder à la notoriété. Pour autant ce n’est sûrement pas son meilleur livre. Il faut passer en effet le premier tiers pour que s’installe l’histoire que nous promet sa belle écriture, seule à m’avoir retenue à la lecture de ce long, très long prologue.

Pourtant « Les déferlantes » (Ed. du Rouergue, 2008) nous donnent des clefs sur les thèmes qui inspirent l’auteur: « Parfois nous croisons quelqu’un, il suffit de quelques mots échangés, et nous savons que nous avons à vivre quelque chose d’essentiel ensemble. Mais il suffit d’un rien pour que ces choses-là ne se passent pas et que chacun poursuive sa route de son côté ».

Dans « Seule Venise » (Ed. du Rouergue, 2004), la trame narrative est à peu près semblable. Tout commence comme ça : une femme se dépayse, ayant un deuil à faire, un besoin de fuite pour panser (penser) ses plaies et trouver des raisons de continuer à vivre. Et il faut bien dire que Claudie Gallay, d’une écriture aussi sensible que féminine, possède cette faculté de créer des atmosphères singulières, de les animer en résonnance aux histoires des personnages qui s’y croisent.

La place San Marco et ses pigeons, les gondoles et le Pont des Soupirs…Non, ce n’est pas dans cette Venise de carte postale que nous invite Claudie Gallay, mais dans une ville secrète aux venelles torturées, aux  eaux suintantes, aux canaux pris dans les glaces, dans l’insolite de l’hiver. Le charme vénitien n’en est pas moins opérant, au contraire. Dans les fastes éteints d’un palais décati abritant une pension de famille, vont confluer les destins de personnages très différents : outre la narratrice, un vieux prince russe impotent au passé captivant, une danseuse et son bel amant, un hôtelier triste, un libraire et son chat… Tous, finalement, sont à la recherche de l’amour, et vont, fatalement, vivre leurs histoires de façon plus ou moins heureuse. Mais il serait dommage d’en dire davantage à propos des dénouements…

« …parce que seule Venise me console de ce que je suis vraiment » fait dire l’auteur à l’un de ces personnages, d’où le titre énigmatique et prometteur de ce beau roman.


Cécile