petites chroniques
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Un lieu magique : le musée Paul Valéry à Sète
Si l’on consent à s’accorder ce plaisir, on s’y rendra à pied. Le site est un peu perché, dominant le Cimetière marin, le Théâtre de la mer, et la mer « toujours recommencée ».
D’abord, on ira parmi des sépultures immaculées, contrastant sur la toile d’« encre bleue du Golfe ». Humbles tombes ou monuments, ornementés d’ancres marines ou de coquillages, gravés d’épitaphes grandiloquentes ou très simples, toutes autant émouvantes : celle de Jean Vilar, celles de marins héroïques ayant péri en mer, celle d’une chanteuse lyrique oubliée ou méconnue, celles d’inconnus qui, ici comme ailleurs, accèdent post mortem à une identité affichée. N’y cherchez pas la dernière demeure de Georges Brassens : il est enterré au cimetière « bas », dit « cimetière des pauvres », vers l’ancienne route de Béziers. On fera une pause devant la tombe de Paul Valéry, et après une dernière grimpette, on poussera le portillon qui donne un accès direct sur le site du musée.
On pénètrera alors dans un jardin paysager, petit paradis végétal suspendu au-dessus du monde et des flots. Essences et flore méditerranéennes, dans leur luxuriance sagement agencée servent d’écrin au musée. Deux allées, un bassin, quelques bancs ou des transats vous accueillent pour lire, écrire, rêver ou méditer, pour écouter et se taire. Baigné d’une atmosphère d’absolue sérénité, le lieu vous enveloppe comme un bienfaisant sortilège.
De construction récente (2010), le bâtiment rappelle l’architecture du Corbusier ; les espaces muséographiques sont aérés, bien pensés, à échelle humaine. Le fonds est à la fois éclectique et choisi : académisme, impressionnisme, Ecole de Montpellier, œuvres contemporaines. L’on y rencontre aussi bien Courbet que Di Rosa, quelques installations, dont une surprenante, d’Agnès Varda. Bien sûr, une salle est dédiée au poète éponyme, où dessins, manuscrits, aquarelles, lettres autographes, photographies nous rapprochent plus intimement de Paul Valéry et de son œuvre immense et diverse - on se rappellera qu’il est aussi un très remarquable essayiste. Tous les ans en septembre, le musée programme « Les journées Paul Valéry » réunissant universitaires, poètes et artistes autour de conférences, lectures, spectacles etc. libres d’accès.
S’y rendre, y vivre quelques heures de sa vie, en sortir régénéré.
Cécile
Robert COMBAS
Toussaint ROUSSY
Gustave COURBET
Jean HUGO
Maurice MARINOT
Julius BALTAZAR